Le chancelier allemand a perdu lundi la confiance des députés, ouvrant la voie à des législatives anticipées en février. Un peu plus tôt, les débats au Bundestag ont tourné à l’inventaire des trois années d’Olaf Scholz au pouvoir. Le chef de l’opposition allemande, le conservateur Friedrich Merz, a accusé le social-démocrate de laisser le pays “dans l’une des pires crises économiques de l’après-guerre”.
Le résultat était attendu en raison des équilibres politiques en Allemagne. Olaf Scholz a perdu, lundi 16 décembre, un vote de confiance au Bundestag, un résultat voulu par le chancelier car ouvrant formellement la voie à des élections législatives anticipées en février.
Parmi les députés présents à la chambre basse du Parlement, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions, a annoncé la présidente du Bundestag.
Olaf Scholz va désormais demander au chef de l’État, Frank-Walter Steinmeier, de dissoudre le Bundestag afin de permettre la tenue du scrutin le 23 février dans la première économie européenne.
Plus tôt, le débat sur ce vote parlementaire, événement rare dans l’histoire politique de l’Allemagne, a tourné à l’inventaire des trois années passées au pouvoir par le dirigeant social-démocrate, dont la coalition tripartite a volé en éclats en novembre.
“Vous avez eu votre chance, vous ne l’avez pas saisie”, a lancé Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU/CSU et favori pour remplacer Olaf Scholz à la tête du pays.
“Cela vaut aussi bien pour aujourd’hui, que pour le 23 février” – date prévue du scrutin législatif lors duquel le chancelier sortant part en quête d’un second mandat –, a-t-il insisté.
Après le limogeage de son ministre des Finances libéral, en raison de différends insurmontables sur la politique économique et budgétaire, Olaf Scholz dirige un gouvernement minoritaire entre son Parti social-démocrate (SPD) et les Verts, dont l’action législative est paralysée.
Menace d’une deuxième récession annuelle
Le débat lundi devant le Bundestag a été au diapason d’une campagne électorale dominée par les questions économiques et sociales. Friedrich Merz a accusé Olaf Scholz de laisser le pays “dans l’une des pires crises économiques de l’après-guerre”.
Menacée d’une deuxième récession annuelle d’affilée, l’Allemagne est aux prises avec une remise en cause de son modèle industriel et s’inquiète des répercussions pour ses exportations de l’élection de Donald Trump.
Olaf Scholz s’est posé lundi en champion d’un État social protecteur pour les plus vulnérables et des dépenses d’investissement d’avenir pour garantir la prospérité de la première économie européenne.
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De cette question des investissements “dépend tout le reste, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, un bon emploi et une bonne formation, et enfin la cohésion sociale dans le pays”, a-t-il jugé.
L’enjeu est central dans le domaine de la défense, pour lequel le pays a besoin d'”investissements massifs” dans le contexte de la guerre d’agression russe en Ukraine.
“Aujourd’hui, une puissance nucléaire fait la guerre en Europe à seulement deux heures de vol d’ici. Nous devons investir massivement dans notre sécurité et notre défense”, a lancé le chancelier.
Les sociaux-démocrates donnés perdants
Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, l’imperturbable dirigeant social-démocrate veut croire en ses chances d’un second mandat.
À ce stade, les sondages lui accordent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz donné nettement gagnant, fort de 30 à 33 % des intentions de vote.
Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5 % des intentions de vote, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui. Le SPD engrangerait 15 à 17 % des voix, les Verts de 11,5 à 14 %.
Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les sociaux-démocrates ne perdent d’ailleurs pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n’a jamais occupé de poste de ministre ou de maire.