Les tensions restent vives en Basse-Guinée autour du poste de Kountiguigbé, un titre de grande importance symbolique et morale. Après l’intronisation d’Elhadj Mamoudou Camara en février dernier, ses partisans font face à une opposition farouche menée par ceux de son rival, Elhadj Moustapha Kaba. Ce dernier, récemment désigné comme le véritable Kountiguigbé, soutient que son élection découle de la légitimité historique et de la volonté de rassembler toutes les communautés de la région. Cette guerre de succession divise profondément la Basse-Guinée et alimente un débat sur les valeurs traditionnelles et les influences politiques dans la désignation de ce leader communautaire.
Les tensions entre Elhadj Mamoudou Camara et Elhadj Moustapha Kaba, tous deux prétendants au poste de Kountiguigbé de la Basse-Guinée, restent vives, avec une situation qui semble se complexifier davantage. Ce conflit a pris un tournant majeur après l’intronisation d’Elhadj Mamoudou Camara en février dernier à Kindia. Cependant, trois semaines plus tard, les partisans de son rival, Elhadj Moustapha Kaba, ont également désigné leur propre candidat, soulignant ainsi un face-à-face qui divise la région.
Dans une interview accordée ce lundi 17 mars aux journalistes, l’un des sages éminents de la communauté de Boffa, Elhadj Ahmed Sylla, a retracé les origines de ce conflit historique, revenant sur les évènements qui ont mené à cette dispute pour le titre de Kountiguigbé. Selon lui, le choix d’Elhadj Mamoudou Camara comme successeur de feu Elhadj Sekhouna Soumah a été précipité et ne respecte pas les démarches établies. Après le décès du défunt leader, un groupe avait désigné Elhadj Mamoudou Camara comme héritier, mais un communiqué officiel avait demandé de suspendre toute désignation jusqu’après le grand sacrifice. Pourtant, malgré cette décision, la désignation de Mamoudou Camara a eu lieu, ce qui a provoqué un incident avec le groupe d’Elhadj Sounna Yansané, autre prétendant à la succession.
Face à cette cacophonie, les sages de la Basse-Guinée, représentant les 14 ethnies de la région, se sont réunis sous la présidence d’Elhadj Algassimou Tafsir Cissé à Gbessia, Conakry. Après avoir constaté le désaccord entre les différents camps, ils ont pris la décision de choisir Elhadj Moustapha Kaba comme le Kountiguigbé légitime de la Basse-Guinée, espérant ainsi restaurer l’unité et la paix au sein des communautés.
« Il y a trois raisons majeures pour lesquelles nous avons pris cette décision, » a déclaré Elhadj Ahmed Sylla. « D’abord, on a dit que seules certaines familles comme les Camara, Soumah, Sylla ou Bangoura pouvaient prétendre au titre de Kountiguigbé. Est-ce ainsi que l’on veut construire le pays ou le détruire ? » Il poursuit en appelant le gouvernement à reconnaître officiellement la désignation d’Elhadj Moustapha Kaba, soulignant que ce choix est soutenu par les organisations traditionnelles de la région, tout comme l’a été l’élection d’Elhadj Mamoudou Camara par ses partisans.
Ce conflit dépasse désormais le cadre local, alimenté par des enjeux politiques et sociaux qui exacerbent les divisions au sein de la Basse-Guinée. La question du Kountiguigbé de la Basse-Côte n’est pas seulement une question de succession, mais aussi de légitimité, d’identité régionale et de cohésion sociale. Les décisions prises aujourd’hui auront un impact durable sur l’unité de cette région de Guinée, rendant le règlement de cette crise d’autant plus crucial pour l’avenir de la communauté.
