Le projet Simandou représente aujourd’hui l’un des plus vastes projets miniers au monde. Il incarne un tournant majeur pour l’économie guinéenne, avec des retombées attendues en matière de recettes fiscales, d’infrastructures et d’investissements étrangers. Toutefois, en l’état actuel, Simandou demeure essentiellement conçu comme un projet extractif. Cette approche, bien que lucrative à court terme, reste insuffisante pour répondre aux défis structurels auxquels la Guinée est confrontée.
La dépendance excessive de notre économie au secteur minier (25 % du PIB, 80 % des recettes d’exportation, 30 % des recettes fiscales, et seulement 5 % de la population active) expose notre pays à une vulnérabilité chronique. L’instabilité des cours mondiaux, le faible taux de transformation locale et la concentration des investissements dans un seul secteur freinent la création d’emplois durables, l’inclusion économique et la souveraineté nationale.
Simandou peut et doit devenir un levier de diversification économique, en intégrant une vision de développement multidimensionnel et territorial.
Un levier pour les infrastructures partagées
Les investissements prévus dans les routes, le chemin de fer et l’électricité autour de Simandou peuvent et doivent bénéficier à d’autres secteurs stratégiques : agriculture, agro-industrie, logistique, commerce local… Une infrastructure pensée pour un usage partagé favorisera l’émergence d’un tissu économique diversifié.
Une opportunité de développement régional intégré
Simandou traverse des régions riches en terres agricoles, en main-d’œuvre et en potentiels économiques. Ce projet pourrait permettre la mise en place de zones économiques spéciales, de pôles agro-industriels, et d’écosystèmes d’innovation locale, connectés aux dynamiques régionales et nationales.
Une réponse aux défis sociaux
L’intégration de la diversification économique dans le projet Simandou permettrait de générer des emplois durables, notamment pour les jeunes et les femmes, de renforcer la cohésion sociale et d’améliorer la résilience des communautés locales face aux chocs économiques.
Un modèle de croissance inclusive
Simandou doit marquer la transition d’une économie basée sur l’exportation brute vers une économie de transformation, fondée sur la valeur ajoutée, l’industrialisation et la consommation locale. C’est une occasion historique de poser les bases d’une prospérité partagée.
Pour l’heure, j’ignore le contenu détaillé du programme Simandou. Cependant, s’il ne l’a pas déjà fait, je demande qu’il intègre les recommandations suivantes :
1. Inscrire la diversification économique comme pilier central du projet, dans tous les documents de planification et d’exécution.
2. Créer un fonds de développement local autour de Simandou, dédié à l’agriculture, aux PME, à la formation professionnelle et à l’innovation.
3. Associer les collectivités locales et les acteurs économiques régionaux à la gouvernance du projet.
4. Orienter une part des recettes minières vers le financement de projets productifs non miniers.
5. Mettre en place un cadre de partenariat public-privé pour développer des filières agricoles, artisanales, industrielles et numériques autour du corridor Simandou.
Simandou ne doit pas être un simple projet d’extraction. Il doit devenir un moteur de transformation économique pour la Guinée. En y intégrant résolument une vision de diversification, la Guinée peut transformer cette rente minière en fondation d’un avenir économique plus solide, plus juste et plus durable.
Courage et confiance en l’avenir de la Guinée.
Cheick Oumar Traoré
Président de l’organe provisoire de direction de l’UPAG Les Patriotes
reotracheick@gmail.com