Le général Abdoulaye Maïga est le nouveau Premier ministre de transition du Mali. Nommé le 21 novembre 2024, la composition de son gouvernement a été présentée presque dans la foulée. Aucun changement majeur : le général Sadio Camara reste à la Défense, le général Ismaël Wagué à la Réconciliation, Abdoulaye Diop aux Affaires étrangères et Alousseini Sanou à l’Économie. La principale nouveauté, c’est donc bel et bien l’arrivée du général Abdoulaye Maïga à la Primature, qui suscite des réactions polarisées, à l’image de l’opinion publique malienne en cette période de transition.
Le désormais nouveau Premier ministre de transition du Mali, Abdoulaye Maiga, prononçant ici un discours lors de la conférence sur le climat COP27 au Centre international de congrès de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge, le 8 novembre 2022. [Image d’archives] AFP – AHMAD
« C’est un homme très intelligent, très sérieux, courtois, qui est au parfum des enjeux actuels », décrit Nouhoum Sarr, président du Front africain pour le développement (FAD), membre du Conseil national de transition (CNT) et soutien revendiqué du président de transition, le général Assimi Goïta. « Il a appartenu aux différentes équipes gouvernementales [de la transition, NDLR] et c’est quelqu’un qui est ouvert au dialogue, qui discute avec tous les acteurs politiques sans distinction, sans parti pris, qui discute avec la société civile et c’est un homme qui a la mesure de la situation actuelle de notre pays. Avec l’accompagnement de tous, il peut conduire l’action gouvernementale au grand intérêt de notre pays. »
De son côté, son prédécesseur à la Primature,Choguel Maïga, poursuit ses invectives contre les militaires au pouvoir. Une conduite et une tentative de se positionner désormais en opposant, après trois années au service du régime, que n’excuse pas Nouhoum Sarr. « Choguel Maïga n’est pas un homme sérieux, juge le président du PSDA. Quand il dit qu’il n’est au courant de rien, c’est une façon de se démarquer du passif, du bilan de la transition, ce n’est pas loyal ! Mais ce n’est pas surprenant, poursuit ce soutien du régime en place. Qu’il ait des ambitions n’est surprenant pour personne, mais nous allons faire face et cela sera traité comme tel, de façon politique ».
Militarisation totale
Le seul point commun entre les soutiens des militaires au pouvoir et leurs opposants, c’est leur détestation de l’ex-Premier ministre Choguel Maïga, dont les partisans se font plutôt discrets.
Mais pour Housseini Amion Guindo, l’analyse du changement de tête à la Primature est loin d’être aussi flatteuse. Cet ancien ministre est président du parti Codem (Convergence pour le développement du Mali) et du Mouvement Espérance nouvelle-Jigiya Kura, qui font partie des différentes coalitions opposées aux militaires en place et qui souhaitent le retour à l’ordre constitutionnel au Mali.
« Si Choguel Maïga était là pendant trois ans et demi, rappelle Housseini Amion Guindo, c’était surtout le vœu de la partie de l’armée qui a fait le coup d’État du 18 août 2020. Et aujourd’hui, ce Choguel ne fait plus leur affaire. Il est remplacé par le général Abdoulaye Maïga, donc nous assistons à une militarisation totale de la tête du pouvoir. C’est un pouvoir totalement assumé par ceux qui ont fait le coup d’État. Maintenant on verra ce que ça va donner ».
Ce farouche opposant du régime militaire en place explique, sans se faire d’illusion, ce qu’il attend pour la suite de la transition qui s’annonce. « Il serait important que, comme indiqué au départ dans la Charte de la transition, ils organisent des élections auxquelles ils ne seront pas candidats, pour permettre le retour du jeu démocratique dans notre pays », afin que les militaires qui dirigent le Mali « reviennent à leur vocation : l’armée ».
Une promesse des autorités en place, depuis plus de quatre années. Le nouveau gouvernement tiendra-t-il les promesses des précédents ? Si l’organisation d’élections semblait proche pour de nombreuses figures de la politique malienne, certains s’interrogent désormais sur l’agenda du nouveau gouvernement. Outre les enjeux essentiels de la sécurité, de l’électricité ou de la vie chère, la candidature d’Assimi Goïta ou d’autres militaires, ainsi que la crédibilité et la transparence des éventuels futurs scrutins seront encore les principaux enjeux de cette nouvelle